L'Association française pour le nommage Internet en coopération (Afnic) s'est livrée à un décryptage de l'évolution du second marché des noms de domaine qui, chaque année, gagne un peu plus en puissance.

Investir sur la valeur des noms de domaines en les achetant, pour ensuite les revendre en réalisant une plus-value, c’est ce que l'on nomme le “domaining”. Aussi appelé “second marché des noms de domaines”, ce secteur est actuellement en pleine explosion. «Il a représenté approximativement 120 millions de dollars dans le monde en 2009, estime Loïc Damilaville. Et son potentiel de croissance peut être multiplié par 10.» À titre de comparaison, 89 transactions de ce genre ont été réalisées en 2007 dans le monde, contre 159 uniquement sur le premier semestre 2009.

Et les montants dépassent parfois l’entendement. Business.com a ainsi été revendu 7,5 millions de dollars, Poker.org, 1 million de dollars, ou plus récemment Credit.fr, cédé à plus de 800 000 dollars. L’explosion des montants trouve son origine dans deux tendances. Tout d’abord, de moins en moins de “beaux” noms de domaine sont disponibles alors que, dans le même temps, le nombre de nouveaux arrivants sur le Web continue de croître.

Une activité méconnue

Les spécialistes de cette activité, les “domainers”, ne bénéficient pas toujours d’une bonne réputation. «Beaucoup de domainers sont d’anciens cybersquatteurs», explique Loïc Damilaville, adjoint au directeur général de l'Association française pour le nommage internet en coopération (Afnic).

Car domaining et cybersquatting sont deux pratiques très proches puisque, sur le fond, elles consistent toutes les deux à enregistrer des noms de domaine, pour ensuite les revendre. Avec néanmoins une réelle différence : le but du cybersquatting est de nuire à l’ayant-droit ou à sa visibilité sur Internet. Cette pratique est donc interdite par la loi. Le domaining, pour sa part, est tout à fait légal.

Le nom de domaine, une valeur complexe à évaluer

Tout comme les marques, les noms de domaine sont considérés comme des actifs immatériels. C’est pourquoi il n’existe pas de méthode absolue pour en évaluer la valeur. Certains experts allant même jusqu’à les comparer aux produits du marché de l’art. Pourtant, deux approches permettent de rationaliser leur estimation économique : la mesure de leur valeur intrinsèque, et celle de leur valeur trafic.

La première évalue du concret : la pertinence du nom de domaine (crédit.fr a plus de valeur que tartempion.fr), sa longueur, son extension, la langue choisie (l’anglais ayant la suprématie sur toutes les autres langues), ou encore l’adéquation entre la langue et l’extension. La seconde, la valeur trafic, pour sa part, repose sur une évaluation de la valeur économique que pourrait générer le nom de domaine. Et en la matière, certains noms de sites explosent tous les compteurs.

A ce jour, “sex.com”, considéré par des experts comme le nom de domaine ayant le plus de valeur au monde, aurait été cédé à plus de 14 millions de dollars en 2006. Cela en fait la vente la plus chère de l’histoire des noms de domaine.

Source: eCommerceMag.fr